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Aurélie Sicas

Dessins

Une présence, un miroir. Toute ma production plastique commence là. Cette présence est le plus souvent celle de mon propre corps. Je ne cherche pas à faire des autoportraits, je cherche à faire l'expérience de l'autre. En passant par le miroir, j'établis une distance entre mon moi et cet autre que je cherche à devenir. Le miroir sert ici d'écran, de filtre. Même s'il n'est pas toujours présent dans mes réalisations, il l'est toujours au moment de la prise de vue et ce que je donne à voir n'est qu'une image (dessin) d'une image (photo) d'une image (reflet).

À travers ma production, j'explore des thématiques telles que nos identités multiples, les apparences, l'intime ou le langage corporel. 93% de notre communication est non verbale. J'entre donc dans la peau d'un personnage et j'improvise souvent un mouvement, une expression. De ce corps reflété ce qui m'intéresse c'est son expressivité. Sa capacité à communiquer. Déformations, distance, points de vue divers; les reflets associés à un angle de prise de vue précis me permettent de devenir cet autre, sans grands artifices.

Je peins. Je dessine. J'aime alterner les médiums, mais depuis un an, je me consacre exclusivement à la pratique du fusain. Simple, volatil, naturel, c'est un vrai plaisir charnel. Les corps que je représente doivent être les plus réalistes possible, proches du modèle photographique. Si l'on ajoute à cela les différentes nuances de gris et de noirs, le grain sensuel que ce matériau laisse à la surface du papier, j'obtiens alors des images qui passent, de prime abord, pour des photographies. Cette confusion associée au contenu de mes images cherche ainsi à questionner notre regard comme expérience incertaine et ambivalente que l'on porte sur le monde, sur soi et les autres.