Georges Dumas
Photographe
La nudité tient une place de choix dans le travail de Georges Dumas. De par son appréhension immédiate et universelle et au-delà de toute tradition culturelle et de toute codification sociale ou historique, le corps nu est ce que l’humanité possède comme dénominateur commun irréductible. Élancé, ramassé, maigre, gras, anguleux, rond, droit ou courbé, le corps est le miroir ultime de notre condition humaine, de cette chair périssable qui est le signe de notre identité partagée.
Pour approcher au plus près de la visée universelle qui est au cœur de sa démarche, Georges Dumas a fait sienne la perspective aristotélicienne selon laquelle l’art se doit d’imiter la nature. Dès lors, deux techniques se sont imposées à lui : la sculpture « réaliste », d’inspiration gréco-latine, et la photographie, médium mimétique par excellence. La sculpture, en substituant la pierre et le bois à la chair qu’elle prétend imiter, abolit les différences de couleur de peau et par là la distance qui sépare les peuples les uns des autres au profit de la similitude dans la morphologie qui les unit ; la photographie, de par son objectivité mécanique, permet de capturer le corps tel qu’il est, sans distorsion, sans enjolivement.
La fusion des deux techniques, rendue possible par l’outil numérique, pose les bases d’une approche renouvelée du nu, à mi-chemin entre la statuaire pour ce qui concerne la matière, la peinture pour ce qui est de la mise en scène, et la photographie quant au rendu esthétique. Dans cette profonde recréation graphique réalisée par ordinateur, le pixel devient la nouvelle brique de base, le nouvel élément fondamental de la grammaire visuelle employée pour représenter le corps humain ; ce dernier achève de perdre sa nature organique et se transfigure sous les assauts de pixels démesurés qui le disloquent et le déconstruisent.
Ne restent plus que des figures pétrifiées, sans visage — car le visage singularise —, attaquées de toutes parts par des carrés numériques qui prennent leur autonomie sur la toile en se matérialisant grâce à la peinture acrylique.
Oeuvres en situation